(L’écho de la montagne 19 décembre 1908)
« A l’occasion de l’achèvement de ce nouveau barrage-réservoir, l’entrepreneur des travaux et la plus part des usiniers se sont réunis le dimanche 6 décembre dernier [1908] au café-restaurant tenu par Melle Marie HUGON pour en fêter l’inauguration.
A l’issue du banquet, après plusieurs chansons très réussies, une quête faite au profit de la caisse des écoles a produit la somme de 10 francs 10.
Aux généreux donateurs, merci ! et nos plus sincères félicitations aux vaillants artisans de cette heureuse innovation. »
Dès 1901 (1), la commune de Villards-d’Héria était à l’initiative du rehaussement du barrage, en effet à cette date, elle s’est mise d’accord avec M. BESSON, propriétaire du lac, pour rehausser de 0.50m le barrage en bois de l’époque, moyennant une somme de 1.250 francs à lui payer. Cette acquisition faite, la commune en a fait part aux usiniers qui se seraient mis d’accord avec elle pour lui céder, comme compensation, un droit d’eau de 2 à 3 litres par secondes à prendre dans le bief d’Héria (convention du 16 février 1903).
Le 11 septembre 1906, une pétition des 9 usiniers sur le cours de l’Héria est adressée à M. Le Préfet et ce n’est que le 15 mai 1907 qu’un accord complet est trouvé entre les usiniers avec une nouvelle pétition modifiée pour demander l’autorisation de surélever le barrage à construire de 2.00m au lieu de 1.00 m qu’ils avaient prévu en 1906.
« Villards-d’Héria le 11 septembre 1906, Monsieur le Préfet
Les soussignés propriétaires des neufs usines étagées sur le cours du Bief d’Héria dans la commune de Villards-d’Héria ont l’honneur de vous exposer que les eaux qui mettent en jeux leur fabriques viennent en grande partie du Lac d’Antre qu’elles ont au moyen d’un barrage en bois très ancien qui n’a pas encore été réglementé. Une vanne placée dans cet ouvrage permet de puiser au lac la quantité d’eau nécessaire pour compléter le débit d’amont et assurer une marche normale des eaux motrices après un parcours d’environ cinquante mètre au-delà du barrage s’engouffrent souterrainement dans une faille naturelle du rocher pour reparaitre dans le lit du Bief d’Héria sous le Pont des Arches et aux abords. Leur barrage étant en mauvais état les soussignés ont l’intention de le reconstruire en maçonnerie et de le surélever d’un mètre afin d’augmenter la puissance de leur retenue et réduire ainsi les chômages forcés dont il souffre tant cette année. Ils vous prient donc Monsieur le Préfet de vouloir bien leur donner une autorisation régulière d’urgence, car toute la population ouvrière de Villards-d’Héria attend cette solution avec la plus vive impatience. Ils ont l’honneur d’être M. le Préfet vos très humbles et très dévoués serviteurs. PERRIN Félix, BESSONAT, BOUILLET Frères, PERRIN Frères, Elisée BRUN, ODOBEZ, LANCON Frères, Mme Veuve VINCENT, RIGAUD »
Les signataires de la pétition de 1907 sont : LANCON Emile, LANCON Louis, BESSONAT, PERRIN Frères, BOUILLET Herman, BOUILLET Aimé, CLEMENT M, ODOBEZ, Mme veuve VINCENT, E. BRUN, RIGAUD (2)
Le 1er mars 1908 (3) , le conseil municipal de Villards-d’Héria délibère sur la question de l’accord entre les usiniers qui ont l’intention de relever de 2 mètres le barrage du Lac d’Antre et la commune de Villards-d’Héria, qui cède le droit d’appui du barrage sur son terrain moyennant la condition de bénéficier d’une prise d’eau à l’endroit dit « Gour à Sencé » d’une capacité de 90 litres à la minute (4).
Des tergiversations entre usiniers le long de l’Héria, une requête est formulée auprès du préfet du Jura pour autoriser la modification du niveau du lac, mais Ms PERRIN Honoré et PERRIN Joseph (5) déclarent, en juillet 1908, ne pas s’opposer au projet mais ne pas vouloir y participer financièrement. « Ils mettent cependant à leur consentement la condition qu’ils ne participeront en rien aux frais d’exécution du projet, lesquels resteront à la charge des seuls signataires de la pétition du 11 septembre 1906, parmi lesquels ils ne figurent pas. » De plus, « ils déclarent abandonner leurs droits sur le barrage, à condition qu’on leur paie une somme de 1.500 francs, montant de la promesse de vente intervenue entre eux et Ms PERRIN Félix, BOUILLET Frères, ODOBEZ Jules, RIGAUD et Mme Veuve VINCENT, promesses qui n’a jamais été exécutée. » La réponse de Ms BESSONAT, ODOBEZ, BOUILLET, LANCON Frères, CLEMENT, PERRIN Frères successeurs de PERRIN Félix et de Mme Veuve VINCENT, usiniers, est de demander, que suite soit donnée à la convention passée devant Maître Guèpe, notaire à Saint-Claude le 10 Aout 1906, relative à la construction et à la surélévation du barrage du Lac d’Antre, convention signée par M. PERRIN Louis pour son père PERRIN Joseph et par PERRIN Honoré, les contestataires actuels.
La réserve produite par le barrage existant « est insuffisante et c’est pour cela que les usiniers veulent reconstruire en maçonnerie leur barrage et le surélever de deux mètres, afin de porter la réserve à 384.884 m3, ce qui leur permettra de marche dix heures par jour avec un débit de 250 l pendant 44 jours de sécheresse, soit pendant près de deux mois, en tenant compte des jours de repos hebdomadaire » (6).
La réserve utilisable dans le lac avec le barrage actuel est 165 000 m3, elle passe à 269 412 m3 avec une surélévation de 1.00 m et à 384 884 m3 avec une surélévation de 2.00 m (7).
On dit le barrage en bois « très ancien ». En période de sècheresse, le trop plein du lac est le seul débit dont disposent les usiniers de Villards-d’Héria. Ces industriels pour augmenter la réserve constituée par le lac, ont construit un barrage en bois qui crée un réservoir en amont dans lequel ils puisent plus ou moins, selon leurs besoins, en levant la vanne de décharge placée au centre.
« Le barrage actuel construit en bois de chêne est constitué par des palplanches fichées dans le sol et maintenues par trois ranges de longrines dont celui supérieur constitue la crête. Sa longueur est de 10.32m. Une vanne de 1.10 m de largeur placée au centre permet de puiser à volonté dans la réserve du lac. L’ouvrage prend appuis, rive gauche, sur la propriété de M. BESSON Ambroise et rive droite, sur le terrain communal. Il est en mauvais état et les palplanches sont disjointes en plusieurs endroits »(8).
(1) AD39 – Sp2749 Rapport de l’ingénieur ordinaire du 18 juillet 1907 – doc n°12.
(2) AD39 – Sp2749 Pétition du 15 mai 1907 – doc n°8.
(3) AD39 – Sp2749 Rapport de l’ingénieur ordinaire du 21 mai 1908 – doc n°14.
(4) AD39 – Sp2749 extrait du registre des délibérations de la commune de Villards-d’Héria, séance du 1er mars 1908 – doc n°13.
(5) AD39 – Sp2749 Rapport de l’ingénieur ordinaire du 16 juillet 1908 – doc n°17.
(6) AD39 – Sp2749 Barrage en maçonnerie sur le bief d’Héria, lac d’Antre, 1908-1911, procès-verbal de visites des lieux 30 novembre 1906
(7) AD39 – Sp2749 Rapport de l’ingénieur ordinaire du 18 décembre 1906 – doc n°6
(8) AD39 – Sp2749 Rapport de l’ingénieur ordinaire du 30 novembre 1906 – doc n°2.
(source: AD39)
(source: AD39)
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